Suite à mon article sur la grossesse à New York, voici la suite: car logiquement une grossesse dure 9 mois (40 SA aux USA, 41 SA en France), donc les bonnes choses ont une fin et un jour le bébé se décide à arriver!
L’accouchement
Si tout se présente bien, soit on perd les eaux, soit les contractions commencent à être vraiment douloureuses et c’est parti pour l’expédition hôpital et la dernière ligne droite avant d’enfin avoir son bébé dans les bras !
Pour celles que l’accouchement stresse, ces 9 mois ne sont pas pour rien, ils nous mettent en condition et à la fin, peu importe la durée de l’accouchement et la douleur associée, tout ce qui compte c’est de voir son bébé, de l’embrasser et de la ramener à la maison !
Par rapport à Paris, autant j’ai trouvé que la grossesse à New York n’était pas évidente à gérer, avec toutes les questions, le système de santé très différent, le peu de préparation à l’accouchement, autant pour mon accouchement tout était quasiment identique: arrivée à l’hôpital, attente pour se faire examiner, évaluation de l’infirmière, péridurale (epidural en anglais) ou non en fonction de l’avancée du bébé et des volontés de la maman, déplacement en salle d’accouchement, et enfin arrivée du bébé!
Ce qui m’a personnellement choqué est le process de la péridurale : l’anesthésiste arrive avec son explication des risques de la péridurale débitée en 2 minutes et la feuille avec le consentement à signer seulement quelques minutes avant de poser la péridurale. Heureusement que j’en avais déjà eu une et que je connaissais le process car c’est assez déroutant pour une opération aussi important. Rien à voir avec le rdv avec l’anesthésiste en France, calé 1 mois avant la date du terme! Et autant dire qu’après 5 heures de contractions crescendo (et 2 heures avant la naissance du bébé), mon seuil de tolérance à la douleur avait atteint son paroxysme et je n’attendais plus que ça!
Il est donc utile de se préparer à toutes les éventualités (accouchement naturel, avec péridurale, césarienne (C-section)) car on ne sait jamais à quoi s’attendre ni quand le bébé va arriver! Une des rares choses que la science ne peut pas prévoir (au grand dam des mamans en fin de grossesse!)…
Cette fois-ci, j’ai décidé de prendre mieux en main cette partie et de travailler sur la douleur avec l’hypno-birthing. J’y crois et c’est un incroyable outil pour maîtriser toutes sortes de douleur par la suite. Celle de l’accouchement étant la plus intense (et surtout longue), ce sera un bon test et je sais que la science sera toujours là pour m’accompagner si je flanche!
Pour se préparer au mieux à l’accouchement (delivery en anglais), comme j’en ai parlé précédemment, il est possible de suivre des cours de préparation proposé par l’hôpital. Mais ce n’est clairement pas aussi bien que ceux que j’ai suivi en France, et ils sont très chers.
Après ce bel accouchement vient l’étape tant attendue du retour à la maison.
Le retour à la maison
Le séjour à l’hôpital est court, 48 heures. Le retour à la maison se fait donc rapidement.
Pas évident pour un premier bébé, le corps mettant un peu plus de 48 heures à se remettre de 9 mois de grossesse et d’un accouchement…
En France, une sage-femme vient à domicile environ 2 jours après le retour à la maison pour vérifier que “tout se remet bien”, que la maman a le moral et que l’allaitement se passe bien.
Aux USA, tu rentres chez toi et tu te débrouilles!
Mes amies m’ont également partagé ce peu de suivi.
Une doula (généralement celle qui a accompagné la maman pendant la grossesse et jusqu’à l’accouchement) peut venir après l’accouchement, mais ce n’est pas pris en charge comme en France. C’est donc un gros budget additionnel, surtout si on accouche en hôpital et qu’on doit avancer les XX milliers de dollars…
En ce qui concerne le suivi maman-bébé et l’allaitement, les USA pronent l’allaitement, le peau à peau est très populaire. Des lactation consultantes peuvent venir à la maison et accompagner la maman. En revanche si nous n’en faisons pas la demande (payante bien sûr) nous n’avons pas vraiment de suivi. Certains hôpitaux (NYU par exemple) proposent des cours autour de l’allaitement le lendemain de l’accouchement, mais le retour d’expérience qu’on m’a donné est que c’était dans une pièce très froide et nous étions une dizaine de mamans. Ce n’était pas très personnalisé.
J’ai appris récemment que certaines assurances prenaient en charge des lactation consultant, dont certaines viennent à domicile pour aider la maman qui a choisi d’allaiter. Bon à savoir et à creuser auprès de son assurance!
L’assurance prend aussi en charge le tire-lait, qu’il est possible de commander avant la naissance du bébé. Car ici, une des techniques pour déclencher l’accouchement est de tirer son lait ! No comment…
Contrairement à la France où il est recommandé de tirer son lait après 1 mois d’allaitement, aux Etats-Unis il est d’usage de l’utiliser dès la naissance pour faciliter la montée de lait. Ce qui, en effet, la rend beaucoup plus simple et permet d’avoir rapidement un stock pour son bébé en cas de grosse fatigue…
Côté bébé, le suivi est très fréquent. Il y a beaucoup de visites mais je trouve qu’elles sont très brèves. Ils sont souvent très optimistes, et certaines de mes amies m’ont partagé des expériences bien meilleures en France, avec des pédiatres passant plus d’1/2h à examiner le bébé, à donner beaucoup de conseils et des solutions efficaces pour soulager les désagréments du bébé (reflux, regurgitations). Les visites chez le pédiatre à NY sont expéditives, on s’entend dire qu’il ne faut pas s’inquiéter, tant que le bébé prends du poids. Ils ne prennent parfois pas le temps de trouver des solutions pour le confort du bébé et de la maman.
Là encore, ce sont des expériences personnelles, et il y a des bons et des moins bons pédiatres partout! La tendance à New York est quand même à l’efficacité et au positivisme, ce qui est parfois déroutant pour une jeune maman qui a besoin de partager ses angoisses et veut soulager au maximum son bébé.
Côté maman, le suivi après grossesse est assez léger. Tout est centré autour du bébé et peu de la maman.
La rééducation du périnée n’existe pas. Ce qui est d’ailleurs un grave problème aux USA, vu toutes les conséquences que cela a à terme. Les choses commencent à bouger et je vois de plus en plus de PT (kiné) en proposer ou de doula en parler. Mais généralement, pour celles qui sont au courant de cette rééducation, elles le font elles-mêmes via des tutos Youtube. Bien moins efficaces que les 10 séances de rééducation chez un(e) kiné en France.
Autre sujet, le post-partum. Il est plus ou moins bien vécu après la naissance et il ne faut pas hésiter à s’écouter et à bien s’entourer pour les premières semaines, car les hormones nous en font voir de toutes les couleurs! C’est un sujet que je trouve moins tabou qu’en France, en tout cas je vois de nombreux groupes de mamans et associations qui en parlent.
Mais dans un pays où les femmes ont un congé maternité de 6 semaines (rarement rémunéré) et dans une ville comme New York où son job est sur un siège éjectable, difficile de prendre un arrêt maladie pour cause de dépression post-partum (PPD)…
On reprend le métro quand le bébé a 6 semaines (car on a attendu jusqu’au dernier jour pour se mettre en congé), on reprend ses dossiers en retard, on gère les premiers jours avec la nanny ou la crèche comme on peut (surtout on prie pour ne pas avoir un appel pour aller chercher notre bébé malade à peine arrivée au bureau), et on affiche le large sourire épanoui de la jeune maman en pleine forme.
Même si l’arrivée d’un bébé est un événement merveilleux, c’est un grand chamboulement et il est totalement normal d’être déboussolée et de perdre ses repères. Peu importe la ville, le pays, la langue, tous ces sentiments sont universels donc il ne faut pas hésiter à se faire aider!
Pour terminer, je vais vous partager mon expérience et mon ressenti, ce qui m’a manqué et ce que j’ai apprécié.
Mon retour d’expérience
Pour le suivi de grossesse, je suis personnellement contente d’avoir eu ma fille en France et d’être passée par toutes les étapes d’une première grossesse avec des médecins de confiance. La préparation à l’accouchement avec des sages-femmes de la maternité m’avait aidé à mieux visualiser cette dernière ligne droite et avoir les bons réflexes (quoi mettre dans le sac de maternité, quels exercices pour gérer les contractions, comment respirer pendant les contractions, que faire si on perd les eaux, comment gérer les débuts de l’allaitement).
Ce manque de préparation ne m’a pas manqué à New York, je connaissais mieux mon corps et le fait d’avoir une excellente kiné m’a permis de prendre mieux soin de moi et de lever le pied au bon moment.
Ayant accouché à New York, mon expérience est déjà différente d’autres villes aux Etats-Unis.
Les hôpitaux parisiens et new-yorkais accueillent des centaines de femmes tous les jours. Je discutais récemment avec une amie qui a accouché à Miami Beach et qui a eu l’impression d’être dans un hôtel 4 étoiles, avec des infirmières aux petits soins pour elle et sa fille et des plateaux repas excellents.
Je peux vous dire que mon accouchement et mon séjour à Mount Sinai UES à New York ne ressemblaient pas à une promenade de vacances!
Mon amie ayant accouché à NYU Langone a aussi un très mauvais ressenti de son séjour à l’hôpital: Chambre partagée extrêmement petite et très bruyante, demande de chambre seule ( $600/nuit) mais aucune n’était dispo. Bref, elle avait hâte de rentrer chez elle avec sa princesse!
On verra ce que me réserve Lenox Hillcette année (apparemment les plateaux repas sont bons!) …
J’ai l’impression que mon accouchement était similaire à toutes mes amies ayant accouché à Paris ou dans un autre grand hôpital de New York. Des étapes identiques, des infirmières disponibles si besoin mais souvent en train de courir, des repas moyens.
Ce qui m’a manqué :
- la chambre individuelle (à New York, j’ai dû la partager avec une maman qui s’endormait devant la télé)
- le retour à la maison 5 jours après (c’est 2 jours aux USA, assez proche des 3 jours dans les hôpitaux publics en France mais bien loin des 5 jours en maternité!)
- le fait de pouvoir échanger avec d’autres mamans.
Je me souviens à la Maternité Sainte Félicité, ils organisaient des discussions entre jeunes mamans, pour échanger sur les premiers jours, la gestion du post-partum, l’allaitement. A New York, ma voisine venait du Bronx et devait avoir 15 ans de moins que moi, difficile de connecter quand on partage si peu de choses. C’est ça aussi la diversité de New York!
- la communication
Il faut poser ici beaucoup de questions pour que le personnel médical nous explique clairement l’objectif d’examens, les résultats, les traitements.
Comme plusieurs de mes copines, la plus grosse difficulté reste la barrière de la langue et le manque d’information. La grossesse est une période de grands chamboulements physiques et émotionnels. Être capable de mettre des mots sur ces émotions est déjà difficile en français, alors en anglais… Un exemple de l’étendue de mon vocabulaire des sentiments et des niveaux de douleur: “swallen”, “tight”, “tender”…
Ce qui m’a plu:
- l’incroyable optimisme des médecins
Pour beaucoup de raisons, mes grossesses ne se seraient pas passées de la même manière si j’avais été en France. Les Américains font l’impossible pour y arriver et donnent de l’espoir. C’est assez contradictoire avec le côté surmédication et très policé des échanges (pour cause de risques de procès). Mais j’ai vraiment ressenti le côté « We can do it » que ce soit pour le suivi et pendant les dernières minutes de l’accouchement.
- les prises de sang sur place chez le médecin (pas besoin d’aller dans un laboratoire en France)
- toutes les communautés Facebook qui existent pour les jeunes mamans à New York et aux Etats-Unis
Je dois être dans une dizaine de groupes (MOMally, Pregnancy Support group, New Moms, Moms-to-Be and Experienced Moms) et à travers ces groupes je vois la diversité de ce pays et de cette ville. Et la solidarité qui existe entre parfaites inconnues. Je vois passer les questions que je m’étais posée il y a 3 ans, et, au lieu de perdre mon temps sur les forums magicmaman de 2010, je vois les réponses quasi instantanées de dizaines de mamans. C’est rassurant de se sentir moins seule. Des amitiés peuvent se créer. Les mamans s’entraident, se donnent des vêtements, des jouets, parfois se gardent leurs enfants en cas de galère de nounous ou d’entretiens de dernière minute. Je n’ai pas trouvé d’équivalent en France / à Paris. On se sent très seule les premiers mois et avoir accès à ces communautés de mamans est une véritable chance.
Voilà donc en quelques mots un extrait de ce que j’ai vécu ici et de ce que je m’apprête à vivre à nouveau.
Chaque accouchement est unique et c’est ce qui le rend incroyable.
Peu importe la ville il s’agit avant tout d’une histoire entre soi et son bébé, pour l’accompagner du mieux possible dans ce monde.
Pour résumer, comme le dit mon amie Emilie, un accouchement peut se résumer à ces 3 mots : Douleur, bonheur, amour.
Et essayons de faire changer les choses avec des méthodes alternatives pour que ce mot douleur ce transforme en confort!
N’hésitez pas à me partager votre expérience et vos ressentis ici, chaque expérience est unique!
A bientôt!
Marie
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